Violences sexuelles dénoncées à l'UNIL

Une enquête menée à l'Université de Lausanne (UNIL) met en lumière de nombreux cas de harcèlement, dont les femmes sont majoritairement les victimes. Près de 150 cas de harcèlement sexuel relevant du domaine pénal sont rapportés, dont quatre viols.

L'enquête menée par le centre de compétences suisse en sciences sociales (FORS) a recueilli les témoignages de quelque 3500 personnes. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Ces situations, qui portent sur les cinq dernières années, ont été signalées lors d'une enquête réalisée le printemps dernier par le centre de compétences suisse en sciences sociales (FORS). Elle a été menée auprès de 3558 personnes, soit 17% de la communauté académique.

En tout, ce sont 148 actes physiques non désirés et pénalement répréhensibles qui ont été mentionnés. Outre les quatre viols, 42 situations d'attouchements à caractère sexuel et 102 gestes déplacés sont notifiés dans le rapport.

"Les femmes rapportent systématiquement avoir subi plus de comportements de harcèlement sexuel que les hommes", soulignent les auteurs du rapport. Cela vaut pour les "blagues" sur le sexe ou l'orientation sexuelle (38% de femmes concernées - 27% d'hommes), les regards insistants ou déplacés (22% - 5%) et les comportements ou critiques sur l'apparence physique (20% - 8%).

Les auteurs de harcèlement sexuel sont, concernant les employés de l'UNIL, majoritairement des personnes dans une position hiérarchique plus élevée. Pour les actes commis envers les étudiants, ce sont en majorité d'autres étudiants qui sont signalés, suivi par les enseignants.

Toutefois, rapportés à la taille des différentes populations de l'UNIL, les résultats indiquent que le pourcentage d'auteurs parmi les enseignants est plus élevé que celui au sein des étudiants.

Nouveau dispositif en 2023

Les situations de harcèlement psychologique ont aussi été analysées. Il en ressort que les membres du personnel sont les plus touchés, notamment dans le cadre de communication avec des collègues. Les disparités de genre sont à nouveau présentes, les femmes rapportant plus souvent ce genre de situation.

Cités dans le rapport, la direction de l'UNIL et le Bureau de l'égalité se disent "vivement préoccupés par la fréquence et la gravité des actes de harcèlement rapportés." Les conclusions sont certes "comparables" à d'autres établissements similaires, mais restent "inadmissibles et indignes".

L'UNIL affirme s'engager à prendre "des mesures concrètes" pour soutenir les victimes et effectuer un suivi régulier du climat au sein de l'Universtié. Elle prévoit, pour le début de l'année prochaine, "le lancement d'un dispositif réformé de lutte contre le harcèlement et les discriminations", mais aussi le recrutement de plusieurs spécialistes du domaine.

L'objectif consiste notamment à renforcer la prévention, visibiliser les ressources à disposition, libérer la parole des victimes ou encore "rétablir une confiance chancelante en l'institution."

Pas de contact avec les victimes

Sachant que l'enquête était anonymisée, aucune suite n'est actuellement prévue pour les cas révélés dans le rapport, notamment les quatre viols. "Nous n'avons pas la possibilité d'échanger directement avec ces personnes", a indiqué le recteur de l'UNIL, Frédéric Herman, interrogé jeudi soir dans Forum.

Il conseille toutefois aux victimes de déposer une plainte pénale auprès de la police, ou de se tourner vers "les personnes de confiance" à disposition à l'UNIL pour ce genre de cas.

De manière générale, Frédéric Herman se dit "fâché que des choses pareilles" se déroulent à l'UNIL, même s'il reconnaît ne pas être complètement surpris au vu de la taille de son Université (17'000 étudiants, 5500 employés). Le recteur affirme qu'un "changement profond de culture" est nécessaire pour enrayer ce fléau.

ATS
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